En Centrafrique, l'indicible a eu lieu (3e partie) : le président Touadéra doit parler
L'affaire des suppliciés de Zawa - des femmes et des enfants, dont une femme enceinte, victimes de sévices corporels, comme au temps de l'administration coloniale française – prend de l'ampleur et devient virale. Elle se double de la réitération des mêmes actes ignobles au village de Sosso- Nakombo, à proximité de Bossangoa.
Comme il s'agit des soldats de la Sécurité présidentielle, M. Touadéra ne peut feindre l'ignorance et demeurer sur son quant à soi. Il faut qu'il s'adresse au peuple centrafricain afin de prendre l'engagement que de tels faits ne se reproduiront plus, au lieu d'envoyer son ministre conseiller spécial chargé des organisations non gouvernementales nationales, le chef de ses milices, déblatérer des inepties sur son mur Facebook.
Outre les multiples interpellations et prises de position que soulèvent les traitements infligés aux habitants de Zawa, cette affaire est sérieuse à plusieurs titres :
- il y a le précédent de Bozoum, dans l'Ouham, en 2019, où le cours d'eau a été dévié et la rivière a été polluée au mercure, rendant tous les poissons et fruits de la rivière incomestibles (cf. Prosper Indo : En Centrafrique,la corruption au révélateur du diamant, inédit, Sangonet .com 2019) ;
- il y a le sort des neuf Chinois tués le 19 mars 2023 sur un site minier situé à Chingbolo, à 25 kilomètres de Bambari, au centre du pays, et dont les corps furent incinérés en place publique à Bangui ;
- il y a le fait que le ministre de la défense nationale et de la reconstruction des armées, douanier de profession, est un proche parent du président, qui, on s'en souvient, avait voulu supprimer les PGA des militaires le 14 octobre 2024, avant de tenter de les amadouer en dansant et se faisant jeter en l'air comme chiffon par les hommes de troupe ;
- il y a le fait que le chef d'état-major des forces armées centrafricaines (FACA) est lui aussi un familier du chef de l’État, qui ne tient pas compte du Plan national de défense, en particulier en matière de recrutement où le népotisme tient lieu de critère de sélection ; etc.
Dès lors, le président Faustin Archange Touadéra doit prendre ses responsabilités.
En sa qualité de chef suprême des armées, il lui appartient de relever M. Zéphirin Mamadou de son commandement.
Comme président de la République, il a le pouvoir de se séparer de M. Claude Rameaux Bireau.
Seules ces deux mesures, urgentes et nécessaires, pourront sauver et sa réputation et sa présidence !
A défaut de ces décisions, le Premier ministre Félix Moloua doit remettre au chef de l'Etat la démission de tout son gouvernement – lequel a fait la preuve de son inefficacité et son impopularité – sauf à apparaître comme le complice de ces divers errements.
Enfin, en cette période de dérèglement du droit international, le président de la République populaire de Chine Xi Jinping devrait, par l'intermédiaire de son haut représentant en République centrafricaine, conseiller à ses concitoyens et compatriotes qui vivent et travaillent dans ce pays, de se conformer aux règles du droit international des affaires qui président aux relations entre deux États souverains, en s'abstenant de céder aux pratiques corruptibles qui polluent ces rapports.
Paris, le 11 avril 2025
Prosper
INDO
Économiste,
Consultant international.